Module 2 : Pharmacologie fondamentale – Certaines drogues et autres substances (CDAS)

Leçon 1

Opioïdes – Effets indésirables courants

Presque tous les patients souffriront d’un certain niveau de constipation au départ. Anticipez, réduisez ou prévenez les symptômes en recommandant une plus grande consommation de liquides et de fibres, ainsi que la prise d’un émollient fécal ou d’un laxatif stimulant pour le soulagement occasionnel des symptômes. Examinez et traitez les causes des symptômes qui pourraient être liées à d’autres médicaments, ou les causes métaboliques ou pathopsychologiques.
De 50 à 70 % des personnes qui prennent des opioïdes vont souffrir de nausées, mais celles-ci se résorbent habituellement par elles-mêmes après une ou deux semaines. Se coucher sur le dos après l’administration d’une dose peut contribuer à réduire les symptômes. Un antiémétique, au besoin, et une augmentation plus progressive des doses d’opioïdes peuvent contribuer à soulager les symptômes. Les antiémétiques le plus couramment utilisés sont le dimenhydrinate, la métoclopramide et la scopolamine. Assurez-vous que le patient est au courant des possibles effets sédatifs de l’opioïde et de l’antiémétique, et fournissez-lui les renseignements appropriés.
Une légère sédation peut survenir lors des premières administrations d’un opioïde ainsi que lors d’une augmentation progressive de la dose; dans la majorité des cas, celle-ci dure entre 7 et 14 jours. Les patients doivent être avisés de ne pas conduire et de ne pas utiliser de machinerie lourde jusqu’à ce que leur dose soit stable ou que leur niveau de sédation soit évident. Les effets sédatifs des opioïdes peuvent également causer une dépression respiratoire, ce qui peut représenter un problème de sécurité chez les patients naïfs aux opioïdes ainsi que chez les personnes à risque d’une surdose.
Un faible pourcentage de patients peuvent souffrir de dysphorie, d’hallucinations ou de cauchemars. Ces symptômes sont plus fréquents au cours des premiers jours d’administration lorsque l’augmentation progressive de la dose est trop rapide. Un changement d’opioïde ou une réduction de la dose pourraient permettre de supprimer ces effets.
La douleur est un « antagoniste » de la dépression respiratoire, un problème qui va généralement seulement se produire uniquement si la dose de départ est trop élevée, si l’augmentation progressive de la dose est trop rapide ou si les paliers d’augmentation sont trop grands, particulièrement chez les patients atteints d’une maladie pulmonaire chronique, d’apnée du sommeil grave, d’insuffisance rénale ou de gastroparésie. La naloxone est le traitement à privilégier.
La sécheresse buccale est plus fréquente lors de l’utilisation d’opioïdes puissants, de tricycliques, d’anticonvulsivants et de méthadone. Une bonne hygiène buccale, la consommation régulière de liquides (de préférence de l’eau) et la consommation de gomme à mâcher ou de bonbons sans sucre pour stimuler la production de salive devraient être recommandées pour soulager cet effet indésirable.
Un prurit peut survenir en raison de la libération d’histamine provoquée par les opioïdes. Les symptômes peuvent être soulagés à l’aide d’un antihistaminique, mais il est important d’aviser le patient des possibles effets sédatifs. Certains patients rapportent également une augmentation de la transpiration, principalement à l’effort, et particulièrement lorsqu’il s’agit de doses plus grandes d’opioïdes de puissance moyenne à forte. L’administration de 0,1 mg de clonidine 2 fois par jour est parfois efficace pour soulager ces symptômes, mais il faut être prudent avec les patients souffrant d’hypotension artérielle, qui peuvent être plus susceptibles de faire de l’hypotension orthostatique. Un œdème périphérique peut également survenir en raison de la vasodilatation causée par la libération d’histamine ou par l’activité de l’hormone antidiurétique. Le traitement peut inclure un traitement à court terme avec un antihistaminique, un diurétique ou les deux.
L’allodynie (une douleur déclenchée par une stimulation qui n’a pas habituellement cet effet) et l’hyperalgésie (une sensibilité excessive à des stimuli douloureux) peuvent s’aggraver avec une augmentation de la dose d’opioïde. Le premier traitement pour ces symptômes est la réduction de la dose ou le changement pour un opioïde différent. La « dose sous surveillance » généralement reconnue qui est recommandée est de moins de 200 mg par jour de dose orale équivalente de morphine.
Les opioïdes peuvent avoir un effet sur l’axe hypothalamo-hypophysaire, ce qui peut entraîner des changements dans les niveaux d’hormones sexuelles tant chez les hommes que chez les femmes. Un gain de poids peut également être un effet indésirable d’un traitement d’opioïde, tout comme d’autres facteurs de comorbidité, qui doivent tous être identifiés et gérés.
Bien que rare, un état dépressif peut se manifester chez les personnes prenant des opioïdes; ceci est habituellement plus fréquent chez ceux ayant des antécédents de dépression. La première mesure de gestion nécessaire comprend l’arrêt de l’opioïde afin d’observer si les symptômes liés à l’humeur s’améliorent et s’ils réapparaissent par la suite, c’est-à-dire lorsque les opioïdes sont administrés de nouveau. L’administration d’un opioïde différent, l’administration d’un analgésique non opioïde ou l’ajout de venlafaxine ou d’un antidépresseur tricyclique peuvent être considérés. Soyez prudent en cas d’ajout d’un tricyclique en raison des effets indésirables.
Des reflux peuvent survenir à cause de l’effet relaxant des doses élevées d’opioïdes sur la fonction du sphincter inférieur de l’œsophage. Ces symptômes peuvent être soulagés en diminuant la dose d’opioïde ou en ajoutant un traitement antireflux (p. ex., un antagoniste des récepteurs H2 ou un inhibiteur de la pompe à protons).

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