Module 2 : Pharmacologie fondamentale – Certaines drogues et autres substances (CDAS)

Leçon 1

Pharmacocinétique des opioïdes

Les auteurs de cette ressource pour la pratique ont décidé de ne pas y inclure de tableaux de conversion et de dosage spécifiques. En effet, la variabilité des tableaux d’équivalence et de dosage des opioïdes pose problème aux cliniciens qui prescrivent un premier traitement aux opioïdes ou effectuent une rotation des opioïdes. Shaheen et coll. (2009) ont réalisé une revue des ressources pour la pratique clinique, y compris des documents obtenus d’entreprises pharmaceutiques, des documents de référence standards de prescripteurs et des outils de conversion en ligne. Les rapports de conversion entre l’administration de l’hydromorphone par voie orale et par voie parentérale variaient par exemple de 2 : 1 à 5 : 1, et les rapports de conversion entre la morphine administrée par voie orale et l’hydromorphone administrée par voie orale variaient de 40-60 : 6,5-7,5 à 10 : 2,5. Les auteurs ont minutieusement relevé une liste des problèmes et écueils des tableaux d’équivalence des analgésiques (p. 414) :

  • incapacité à normaliser un opioïde de référence (notre note : habituellement, 10 mg pour la morphine, mais ce n’est pas universel);
  • incapacité à corriger les variations bidirectionnelles (sens de la conversion) de l’équianalgésie pour certains opioïdes;
  • intégration d’une vaste plage de doses à la comparaison;
  • utilisation de tableaux d’équivalence des analgésiques comme référence pour les autres tableaux;
  • instabilité de l’équianalgésie entre les opioïdes à action de courte durée et à action prolongée;
  • équianalgésie entre les préparations opioïdes et les mélanges opioïdes/adjuvants;
  • utilisation de l’équianalgésie fondée sur la douleur aiguë ou des études portant sur une dose unique;
  • doses équianalgésiques pour le traitement de défaillances d’organes;
  • rapports équianalgésiques établis selon des calculs plutôt que par essai clinique.

Les auteurs d’une étude similaire de vingt-trois applications pour téléphone intelligent ont obtenu des résultats semblables, où la plus grande variabilité de conversion résidait dans le passage de la codéine administrée par voie orale à la morphine (Haffey, Brady & Maxwell, 2013). Seulement 48 % des applications fournissaient des références pour les conversions, et 22 % d’entre elles donnaient de l’information sur la participation de cliniciens à la création de l’application.

Avant de définir les tableaux de dosage et d’équivalence analgésique à utiliser en pratique, les cliniciens doivent analyser les facteurs particuliers à chaque patient, comme les facteurs de comorbidité et le fonctionnement des organes, l’âge, les interactions médicamenteuses, ainsi que l’état du métabolisme et de l’élimination, en plus de démontrer une connaissance approfondie de la pharmacologie et des indications relatives aux opioïdes. En outre, toute décision d’un clinicien concernant l’utilisation des tableaux existants pour le traitement de ses patients doit absolument passer par un examen critique de la ressource pour la pratique (Anderson, Saiers, Abram & Schlicht, 2001; Periera, Lawlor, Vigano, Dorgan & Bruera, 2001).

Références :